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Episode 13: Comment apprendre de ses erreurs... avant même de les faire? La stratégie "Pre-mortem"

Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast « Ta blessure, ta chance ». Je suis ravie de vous retrouver pour un thème qui je le sais est au centre de nos questionnements quand on est blessé : Comment apprendre de ses erreurs ?

Le but de cet épisode est justement de t’aider à comprendre si dans ton cas, il y erreur qui aurait conduit à la blessure ou pas. De te donner quelques pistes pour les analyser et surtout de te faire découvrir (ou redécouvrir peut-être) une méthode pour ne plus faire ces erreurs et même anticiper de futures erreurs. En gros, apprendre des erreurs que tu as faites mais aussi des potentielles erreurs que tu n’as pas encore faites et que j’espère, tu ne feras pas !

Pour détendre l’atmosphère, je te rassure, pas de grande leçon de moral ici, « tu aurais dû », « ce n’est pas bien, tu as fait des erreurs », « et si seulement »…
J’ai choisi de te proposer une approche bienveillante et originale. Je suis allée la chercher dans une méthode que l’on peut mettre en place lorsqu’on monte un projet et qu’on veut éviter au maximum les écueils, éviter de se planter tout simplement. Il s’agit de la méthode « pre-mortem ».
Alors je sais, le nom fait peur mais il n’y a rien de glauque dans cette méthode je te promets. Je te la présente dans le cadre de la blessure sportive aujourd’hui mais tu pourras t’en servir pour mettre en place des objectifs, même hors sphère sportive et anticiper les échecs vers ces objectifs.

Avant de tout t’expliquer et de te donner des idées actionnables à mettre en place, je voulais t’avertir que le Challenge ( 5 jours pour se sentir mieux malgré la blessure commence le 20 mars donc dans un peu plus d’une semaine à l’heure ou sort ce podcast !).
C’est un challenge gratuit pour retrouver le sourire et la motivation malgré la blessure sportive.
Donc si ta blessure te frustre, que tu tournes en boucle et que tu as l’impression de perdre confiance en toi et en ton retour en l’entrainement, je te conseille de participer à ce challenge. Il est très simple : Du 20 au 25 mars, tu auras accès tous les matins à un audio, une vidéo ou un exercice et cela te prendra juste une dizaine de minutes.
Alors bien sûr je n’ai pas de baguette magique mais j’ai juste envie de te proposer quelques outils pour te montrer que oui, tu as le pouvoir dans cette épreuve et que tu peux prendre les choses en main pour mieux vivre cette période, la surmonter et même acquérir de nouveaux outils qui te seront utiles même après ta blessure.
Pour participer, il suffit de t'inscrire via le lien que je mettrais en note du podcast (mais aussi sur mes réseaux et mon site internet).

Mais tout de suite, j’arrête mon blabla pour passer aux choses concrètes !


1) La première question à te poser : as-tu fait des erreurs ?
Alors, je le répète pour éviter toute crispation inutile, l’idée n’est pas ici de te dire « ce n’est pas bien, tu as fait des bêtises, tu seras privé(e) de Pépito au goûter ! ». J’ai longtemps été professeur de SVT en collège et lycée et je sais d’expérience que pointer une erreur n’a de valeur que si on ouvre une porte vers un apprentissage issu de l’erreur. D’ailleurs, je l’ai déjà dit mais c’est un des enseignements que j’ai conservé de mon passage à l’éducation nationale : dédramatiser, déculpabiliser l’erreur et au contraire même la valoriser pour s’en servir, avancer, progresser. Si on ne se plante pas tant mieux (mais qui peut prétendre ne jamais se planter pendant toute une vie ?). Et si on se plante, ben tant mieux aussi, il faut juste éviter de s’enliser dans ses erreurs.

Alors dans ton cas : erreur ou pas erreur pour ta blessure ?
Il y a des cas où la blessure vient d’une chute par exemple (moi qui trébuche régulièrement en courant, je me fais souvent très peur…). Il y a des blessures qui viennent d’un accident hors sphère sportive. Des blessures en lien avec une pathologie. Dans ce cas, il n’y a pas vraiment d’erreur à pointer. Alors oui, par exemple si je me blesse en trébuchant, je peux me dire, que je n’ai pas été attentive et qu’il y a peut-être quelque chose à améliorer de ce côté-là. Si je souffre d’une pathologie, je peux me dire que je n’ai peut-être pas suffisamment tenu compte de ce facteur. On peut toujours pointer quelque chose qui aurait pu être mieux fait mais nous sommes humains, nous n’avons pas de disque dur avec un programme « individu parfait » implanté. En tout cas, chez moi, l’implantation a été raté !!
Bref, il y a des cas où l’erreur n’est pas flagrante. Si c’est ton cas, c’est surtout la troisième partie qui va t’intéresser : anticiper des erreurs que tu n’as pas encore faites. Alors j’ai bien conscience que, et je dis ça avec une certaine tristesse, on a souvent besoin de se bruler pour comprendre que le feu ça brule… Même si on nous met en garde, attention, le feu ça brule, on a parfois tendance à se dire que pour nous, si ça se trouve, ça ne brulera pas… Bref, comme je l’ai déjà cité, Louis-Ferdinand Céline a écrit que la lanterne de l’expérience n’éclaire que celui qui la porte. Mais si je peux juste vous inspirer cette envie d’éviter des écueils prévisibles ou du moins de reculer suffisamment tôt au moment où vous sentez la chaleur, sans vous bruler, alors ce que je fais n’est pas inutile !

Pour ceux qui ont conscience d’avoir fait des erreurs qui ont conduit à leur blessure alors, avant d’anticiper sur d’autres potentielles erreurs, on va pouvoir commencer à réfléchir autour des enseignements de celles qu’on déjà faites.
Je te donne, sans filtre, mon exemple. Pourquoi je suis tombée dans un cercle infernal de blessures il y a quelques années? Quelles étaient mes erreurs ?
1ère erreur :- Mon hygiène de vie était incompatible avec du sport à haute fréquence et haute intensité : je combinais une thèse (donc beaucoup d’heures au travail), beaucoup de fêtes et des entrainements tôt le matin. Je partais courir après une soirée bien arrosée et peu de sommeil. Je savais que ce n’était pas top mais le corps est résistant. Par contre quand il nous lâche, il n’y va pas par 4 chemins.
2ème erreur - Mon manque de récupération. J’étais encore dans l’idée que plus je m’entrainais, plus je progressais et surtout j’aimais m’entrainer. Je négligeais donc complètement ma récupération et notamment la mise en place de jour off.
3ème erreur- Pendant les séances, je mettais mes objectifs avant l’écoute de mon corps. Si j’avais décidé de courir 2h et que je sentais qu’au bout d’1h30, mon corps réclamait du repos, je courais 2h parce que je l’avais décidé. Si je visais une figure en pole et que je pensais en être capable, alors je n’étais satisfaite que si je la passais même si c’était au prix de la douleur.

Alors est-ce que toi déjà, tu as des idées d’erreurs que tu as faites ?
Peut-être certaines vont te sauter aux yeux. Peut-être d’autres méritent plus de réflexion.
Dans mon programme, je t’encourage à mettre en place un travail de journaling dont une facette peut-être un suivi de tes séances et des sensations pendant/ après la séance. Ce simple outil permet rétrospectivement de mettre à jour des schémas : par exemple, tu as souvent mal au genou quand tu t’entraines plus de 3 jours d’affilée. Ça permet ainsi de rétrospectivement comprendre les facteurs qui ont contribué à la blessure et même d’éviter la blessure ou la reblessure avant sa survenue en réajustant son entrainement suivant les observations qu’on fait.


2) J’en viens à mon 2ème point : apprendre des erreurs qu’on a faites
C’est un travail qui peut être fait en solo ou alors avec ton entraineur si tu en as un. Je ne vais pas m’étendre là-dessus car je te donnerai plus d’exemple dans la 3ème partie. L’idée est de prendre le temps de se poser pour voir si tu peux associer un comportement à la survenue de ta blessure ou au cycle des blessures dans lequel tu es. J’en reviens à mon journal de suivi des séances dont je viens de te parler.
Ça peut être un comportement récurrent (comme mon propre exemple que je t’ai donné) ou quelque chose de ponctuel. Par exemple un évènement qui a suscité beaucoup de stress ou de fatigue en toi.

Et une fois que tu as mis à jour ton ou tes erreurs, l’idée est bien sûr de ne pas les réitérer. Je te rappelle cette citation qu’on attribue à Albert Einstein : "La folie, c'est de faire toujours la même chose et de s'attendre à un résultat différent !". J’adore cette citation parce justement elle met l’erreur à sa juste place : un moyen de ne plus faire la même erreur !
Et pour continuer avec les citations, les Shadocks disaient: "En essayant continuellement, on finit par réussir. Donc: plus ça rate , plus on a de chance que ça marche". D’un point de vue persévérance, cette logique Shadockienne me plait bien (bon, niveau mathématique, pas sûr que ça fasse sens suivant le type de probabilité qu’on utilise…). Par contre peut-être qu’en modifiant leur action, même légèrement, les Shadocks réussiraient plus rapidement !

Je reprends mon exemple pour illustrer mes propos : Qu’est-ce que j’ai modifié au vu de mes erreurs ? Pour être honnête, toutes les modifications n’ont pas été faciles à faire (et c’est pour ça que j’ai mis du temps à revenir vers une pratique limitant le risque de blessure au maximum. Encore une fois, le risque zéro n’existe pas mais on peut faire en sorte de le minimiser).
Premier point- J’ai éliminé certaines associations de manière drastique. Fête arrosée la veille et course le lendemain. J’ai choisi la team « course le lendemain » donc je sors beaucoup moins ou de manière plus modérée. Mais c’est un choix en conscience. Et si j’ai une grosse soirée, je change mon emploi du temps sportif. Dans l’idéal, j’évite de consommer de l’alcool la vieille d’un jour où j’ai une grosse sortie running par exemple ou un gros volume de cours de Yoga, en tant que prof ou qu’élève. A présent, je bois maximum 2 ou 3 verres de vin par semaine. Je sais, ça ne fait pas très fun mais « sans alcool, je ne sais pas si la fête est plus folle » mais en tous cas, l’entrainement est plus safe !! Encore une fois, je ne suis pas ici pour faire la morale mais juste pour exposer cette notion de choix et d’équilibre. Et pour ceux que ça choque, oui, on peut être prof de yoga et consommer de l’alcool, le Yoga nous indique d’être avant tout bienveillant et hors du jugement.
2ème point - Ce qui a pris plus de temps a été la mise en place de récupération systématique. J’ai beaucoup progressé même si je ne suis pas encore parfaite à ce niveau-là. Le Yoga m’a appris à me permettre de lever le pied. Il m’est encore impossible de rester assise pendant une journée mais parfois je vais simplement marcher ou je fais une séance de Yoga doux et ça me suffit ! C’est pas mal passé par un travail d’introspection, par la méditation et le journaling. Ça m’a permis de m’accorder plus de douceur et de lâcher prise sur l’exigence permanente d’être à fond, sur le fait que je n’avais de valeur que si j’étais toujours en surrégime.
3ème point - Je vous disais que je mettais toujours mon objectif avant mon ressenti. Là encore, ça n’a pas toujours été facile mais je m’autorise à parfois faire des entrainements moins costauds que ce que j’avais prévu. Quand je sens que j’ai des courbatures trop intenses, que j’ai un manque d’énergie qui s’installe, je ne vais plus contre mon ressenti. Je me permets d’annuler une séance ou de l’alléger. Et au contraire, dans des périodes où l’énergie est là, je me permets d’augmenter un peu les volumes d’entrainements. Dans la même idée, je suis plus attentive à l’ambiance de la période que je vis en général. Par exemple, je me permets d’ajuster mes entrainements si je sais que je vais traverser une période stressante qui va aller taper dans mon énergie et qui est un facteur potentiel de blessure. Là encore, c’est le Yoga qui m’a appris à me lâcher un peu la grappe et à m’accepter comme j’étais, au moment t, sans toujours vouloir être plus ou mieux.

Petit bémol ici : comment faire quand on est en préparation spécifique pour un évènement sportif, par exemple un 10km, un semi, un marathon… ? Suivre son programme est important si on veut atteindre son objectif, on a moins de flexibilité, c’est certain. C’est donc plus difficile de lâcher prise à ces moments-là. Je vois deux solutions :
Première solution : - Être très attentif lors de la mise en place du programme. En parler à son coach pour éventuellement mettre des variations en cas de coup de mou. Prendre notamment en compte les soucis prévisibles (mais ça je t’en parle dans la dernière partie).
2ème solution- Ne pas s’entêter si on sent que ce n’est pas le moment pour cette course. Bien sûr que je t’encourage à tout faire pour atteindre cet objectif qui te motive mais si tu t’aperçois en cours de route, tu n’es plus aligné(e) avec, tu as le droit d’annuler ou reporter. Personne n’a à te juger et surtout, si tu sens que c’est la bonne décision, alors permet-toi de la prendre. C’est en particulier le cas lorsque des périodes de rush ou de stress imprévus surgissent, lorsque certains évènements que tu ne contrôles pas s’invitent dans ta vie.


3) Et maintenant j’en viens au cœur du sujet : anticiper les erreurs
Cette méthode s’appelle la méthode « pre-mortem ». Tu connais l’analyse « post-mortem » : on autopsie pour comprendre les raisons de la mort. Ici, pas de tragédie mais ce dont on vient de parler c’est un peu l’analyse « post-mortem » de ta blessure. Pourquoi la blessure est-elle survenue ? On a vu que c’était nécessaire mais que ça nécessite la survenue de la blessure…
L’analyse « pre-mortem », c’est imaginer les raisons qui pourraient mener à la blessure. On anticipe le scénario qui pourrait conduire à la blessure. Ça demande bien sûr un petit temps de réflexion et je trouve que le passage à l’écrit peut être utile pour clarifier les idées qui surgiront. Et ça permet de garder une trace écrite de ce qu’on a trouvé pour en tenir compte !
Je n’ai pas de réponse valable pour tous mais je peux te proposer des pistes où aller creuser.

1- Ton hygiène de vie
As-tu des habitudes qui pourraient être néfastes et conduire à la blessure ?

Je radote mais même si vous savez, c’est souvent un point perfectible : l’hydratation ! Est-ce que tu bois assez, tous les jours ? Est-ce qu’il y a des jours où tu t’aperçois que tu n’as pas assez bu ? En particulier, je sais que vous êtes nombreux à zapper l’hydratation en hiver. Et pourtant l’hydratation, c’est 1,5L minimum même en hiver, même les jours sans entrainements. Et on augmente bien sûr en cas de transpiration.
De mon côté pour être sûre de boire suffisamment je varie les sources d’hydratation : Salvetat (minéralisée mais sans être trop salée), eau plate, thé noir, thé vert, tisane, parfois une goutte de sirop ou de jus de citron. Il existe bien sûr de nombreuses boissons à l’effort ou post-effort, plus ou moins chargées en minéraux, en sucre voire d’autres nutriments suivant le type de sport pratiqué. Mais quoi qu’il en soit, on boit (et l’alcool ne compte pas : au contraire, pour chaque verre d’alcool, on ajoute un verre d’eau !).
Pour vérifier que je bois assez, j’utilise le tracker d’hydratation de ma montre : je mets mon objectif, j’ajoute le volume que je bois quand je bois et je vérifie qu’à la fin de la journée j’ai atteint mon objectif (attention à l’erreur fréquente : je m’aperçois à 19h que je n’ai pas du tout bu, je bois, je bois, je bois et toute la nuit c’est la valse pipi !). On anticipe !
Tu peux aussi utiliser un tracker papier, parfois plus visuel et donc on n’oublie moins…

L’hygiène de vie c’est aussi l’alimentation : est-ce que tu manges suffisamment ? Des aliments qui t’apportent les nutriments dont tu as besoin ? Je parlais de Pépito tout à l’heure et je n’ai rien contre à dose raisonnable mais par exemple, se nourrir de Pépito n’est pas équilibré ! En tant que sportif, vous êtes en général assez attentifs à ça mais il m’est arrivé de croiser des sportifs dont la cantine était Mc Do… Là encore, pas de diabolisation mais baser son alimentation sur une alimentation très transformée est un facteur qui, de manière prévisible peut contribuer à des carences et à la blessure sportive. Et de même certains mythes ont la vie dure comme celui de ne pas pouvoir être en forme si on est végétarien, devoir se gaver de produits laitiers pour être résistant… je ne pars pas là-dedans parce que j’en ai pour un épisode en entier mais l’idée est qu’une alimentation informée, raisonnée est un moyen de minimiser les risques de blessure.

Idem pour le sommeil ! Est-ce qu’en ce moment tu dors assez ? Ton sommeil est-il de bonne qualité ? Si la réponse est non, tu as une piste : un facteur qui pourrait contribuer à la blessure.

L’idée est alors bien sûr de corriger les faiblesses au niveau de ton hygiène de vie avant la blessure ou l’entrée dans le cercle vicieux des blessures à répétition.
Juste une précision. Je ne parle pas d’entrer dans l’orthorexie, attention, qui correspond à une alimentation totalement contrôlée. Fais -toi plaisir avec de la nourriture saine, parfois avec de la nourriture moins saine peut-être mais globalement reste dans un cadre où tu fais du bien à ton corps quand tu te nourris (Non, quand tu te nourris d’un paquet de Curly en entrée, un paquet de tuc en plat principal et un paquet de Dinosaurus en dessert, tu ne fais pas du bien à ton corps (et pourtant j’adore les Dinosaurus mais j’évite d’en faire mon alimentation exclusive). Donner à son corps ce dont il a vraiment besoin, en conscience, c’est vraiment une source de bien-être. Et quand je parle de conscience, c’est que probablement, si tu prends d’analyser tes sensations en fonction de ce que tu manges, tu t’apercevras probablement que tu te sens mieux en mangeant ce qu’on appelle des calories pleines, qui t’amènent des nutriments, sans 1000 produits ajoutés que quand tu manges des calories vide. Là encore, je n’ai pas prétention à être nutritionniste, je connais des choses au niveau de la physiologie du corps humain puisque j’ai une agrégation en SVT mais chacun son métier ! Par contre en tant que prof de Yoga, j’attire ton attention sur cette observation de ce que tu ressens en fonction de ce que tu manges. On en revient à une attention et une écoute du corps. Et je suis sûre qu’après un paquet de Dinosaurus ou un Mc Do, tu te sens moins bien et ton énergie est moins constante qu’après un repas plus équilibré.

2ème piste de blessure prévisible : le contexte
Comment te sens-tu hors sphère sportive ? Est-ce une période stressante pour toi (par exemple un déménagement, un challenge au boulot, un contexte familial compliqué) ?
Il n’y a pas que ta pratique sportive qui impacte ta forme et tes risques de blessures. Si tu décides de planifier un marathon, ce n’est peut-être pas judicieux de coupler une préparation marathon à un évènement challengeant comme je le répète, un déménagement, un changement de travail, un changement familial, etc… Ton mental et ton corps vont être challengés par cet évènement : mettre un challenge sportif par-dessus n’est probablement pas la période idéale.
Si tu sais que tu déménages, laisse-toi quelques semaines plus flexibles au niveau de tes entrainements. Ça peut paraitre évident mais j’ai été la première, par le passé à vouloir maintenir absolument un volume d’entrainement égal alors que j’avais des évènements stressants qui pointaient le bout de leur nez. Dans cette méthode « pre-mortem », englobe ton programme sportif dans une vision plus large pour poser des objectifs et un rythme d’entrainement adapté et sain, minimisant le risque de blessure.

3ème piste : la question qui fâche (et je me permets de la poser car la réponse a longtemps été oui pour moi !) : Es-tu têtu(e) comme un âne ?
Je m’explique : es-tu sourd à ton corps ? Es-tu majoritairement dans ta tête plutôt que dans ton corps? C’est un axe particulièrement difficile à explorer parce que pour certains l’écoute du corps est naturelle et pour d’autres non. C’est pour cela que je n’émets jamais aucun jugement à ce sujet : j’ai fait partie de ces gens qui suivent uniquement leur tête et dont le corps est esclave. L’idée n’est pas de dire « Bouh, c’est mal… », c’est de dire simplement, cela augmente le risque de te blesser.
Donc si ton objectif est d’éviter la blessure ou la reblessure, il va falloir prendre ceci en compte. Et je ne vais pas te vendre du rêve en te disant j’ai une formule magique qui va te rendre parfaitement à l’écoute de ton corps. Elle n’existe pas et notamment car cette aptitude d’écoute du corps peut prendre racine dans les expériences de vie, voire dans l’enfance, dans le besoin de se dépasser pour montrer sa valeur, pour chercher une confiance en soi, un sentiment de contrôle, etc, etc…
Je ne me lance pas ici dans la psychologie mais dans certain cas on pourra aller fouiller plus loin avec des thérapeutes comme des psychanalystes, des hypnothérapeutes…
Mais c’est déjà un travail qui va pouvoir se faire à travers le yoga, petits pas par petits pas. Mon programme dure 6 semaines et ce n’est pas pour rien… C’est parce que c’est selon moi, un minimum pour commencer à aller creuser dans des choses intéressantes et trouver des leviers d’action qui te conviendront. En tant que prof de yoga, je passe par de la méditation, de la visualisation, du journaling, de la pratique physique (douce si tu es blessé(e) bien sûr.

Il existe des cas d’addiction au sport, ce qu’on appelle la bigorexie. Comme toute addiction, il faut souvent du temps pour prendre la décision de s’y attaquer. C’est compliqué de se dire qu’on lâche un peu du lest, qu’on va pratiquer un peu moins avec toutes les angoisses qui gravitent autour de ça. Mais le bénéfice sera de conserver une pratique sportive mais en éliminant les phases de souffrances physiques et psychologiques, en particulier lors des blessures récurrentes. Mais aussi éliminer la souffrance qui peut être générée quand on s’enferme dans cette bigorexie et cet isolement qu’on peut ressentir. Mais ça c’est une autre question ! Je te renvoie d’ailleurs à l’interview avec Alexia de Yoga and peanut butter dans lequel on a abordé cette thématique.

Donc je ne pose pas de jugement mais simplement, il est intéressant de mettre en lumière ce rapport à la pratique sportive car il est souvent en lien avec du surentrainement et prédictif des blessures sportives. Et je sais que ce n’est pas agréable à entendre car quand tu es en surentrainement, tu veux qu’on te dise que tu vas pouvoir continuer ainsi indéfiniment mais la réalité c’est que tu pourras continuer à pratiquer à condition de travailler là-dessus. Tu n’as pas envie d’entendre que tu t’entraines trop, je le sais, je suis passée par là et j’ai encore parfois besoin qu’on me rappelle à l’ordre ! Mais c’est une réalité. Ton corps n’est pas une machine.

4ème piste : tes particularités
Je parle de choses, en particulier, physiques qui te sont particulières. Des faiblesses que tu connais. Je peux te donner mon exemple : j’ai une scoliose, je suis tordue ! Ça c’est une particularité physique dont je dois tenir compte… je sais que ma scoliose va correspondre à une zone génératrice de tension.
Et toi ? Est-ce que, au niveau de ton corps, tu sais que tu as des tendances qui pourraient favoriser une blessure ? Est-ce que tu as des attitudes (par exemple une mâchoire très serrée, une posture qui crée des tensions dans certaines zones de ton corps… ?

Venons-en à présent à l’utilisation de cette étude « pre-mortem » :
Comment se servir de cette étude « pre-mortem » ?
Tu l’auras deviné : en corrigeant les paramètres que tu peux contrôler.

Au niveau de l’hygiène de vie, en mettant des routines, des suivis pour optimiser certaines habitudes. Le but n’est pas de devenir un ermite à l’hygiène de vie absolument irréprochable. C’est de mettre en place des habitudes qui nous font du bien dans le but de limiter la blessure (mais peut-être dans un but plus global de bien-être). Quand on sait pourquoi on met en place les choses et qu’on met en place les bons outils, qu’on apprend à être régulier, les habitudes ne sont pas forcément synonymes de contraintes !

Pour ce qui est des risques liés au contexte, à une situation de stress particulière par exemple, soit tu peux agir sur la situation et alors tu as déjà un levier d’action. Par exemple, si tu déménages, fais en sorte de limiter le stress lié à ce déménagement en le préparant en amont.
Si tu n’as pas de levier d’action, par exemple dans le cadre d’une séparation difficile qui fait que toutes tes habitudes sont chamboulées, que tu vis une épreuve émotionnellement difficile… Là, il faudra peut-être revoir temporairement tes exigences sportives à la baisse… Bien sûr, je ne dis pas arrêter le sport (bien au contraire, c’est un outil pour se sentir mieux) mais peut-être lâcher un peu de lest quant aux performances et aux exigences.

Autre point qu’on a vu : si ton étude « pre-mortem » met en évidence que tu as du mal à écouter ton corps, tu peux décider de l’ignorer et croiser les doigts pour que la blessure ne survienne pas (c’est possible, en particulier chez les plus jeunes mais avec le temps, ce n’est pas un fonctionnement pérenne).
Ou tu peux choisir de travailler autour de ça. Je sais que souvent, hélas, quand on est dans cette non-écoute du corps, la blessure est justement la sonnette d’alarme qu’on a refusé d’écouter avant. Je le sais car j’ai beaucoup fonctionné comme ça. Mais si jamais parmi vous, une seule personne décide, sans avoir à passer par la blessure, d’écouter davantage son corps, alors j’aurais plus que rempli ma mission !
Que ce soit avec ou sans blessure, l’écoute du corps reste un processus long, central en Yoga par différents biais, toujours les mêmes :
- méditation,
- travail de journaling pour avancer dans la connaissance de soi et dans l’intégration de certain concepts nécessaires au lâcher prise.
- On peut aussi, via ce travail de journaling travailler autour d’un alignement plus juste avec nos objectifs, sur nos intentions, sur une confiance en nous qui nous permet de lâcher-prise avec moins d’angoisse.
- Et puis bien sûr il y a l’écoute pendant la pratique physique qu’elle soit douce ou dynamique et qui est transférable au-delà du tapis.

Pour ce qui concerne la 4ème piste qu’on a évoqué pour l’étude « pre-mortem », tes particularités physiques, tu peux les intégrer dans ton entrainement. Par exemple avec ma scoliose, je sais que je dois renforcer mon dos et faire attention à ne pas trop travailler de manière asymétrique pour éviter d’accentuer ma dissymétrie.
Et toi, comment peux-tu travailler autour de ça ? Si tu as besoin de conseils, tu peux en parler à un médecin du sport, un ostéo, un kiné mais ton prof de Yoga sera aussi à même de te proposer des postures qui pourront renforcer ou assouplir certaines zones. Peut-être des automassages seraient une bonne idée ?


Avant de nous quitter, je vais résumer les points principaux soulevés. Avant ça, si tu es blessé ou que tu amènes ton corps dans des douleurs que tu sais être négatives à long terme. Si ce que je raconte te parle, que, en particulier le travail autour de la mise en place d’habitudes bien-être, sur cette écoute du corps, ce réajustage des objectifs (où veux-tu aller ?), cette redéfinition des intentions (comment veux-tu y aller ?), je t’invite à aller jeter un coup d’œil à mes accompagnements que tu trouveras dans mon lien tout-en-un. Tu le trouveras dans les commentaires de cet épisode mais aussi en bio Instagram.

Et j’en reviens à mes points clé : l’erreur est humaine et peut générer des blessures. Mais elle est aussi riche d’enseignement. En analysant les causes qui ont favorisé ta blessure, tu pourras bien sûr les corriger. Mais il est aussi possible, grâce à une approche « pre-mortem » de prévenir de nouvelles blessures en anticipant les problèmes qui pourraient surgir : peut-être au niveau de ton hygiène de vie ? Au niveau du contexte que tu traverses ? Au niveau de tes difficultés à écouter ton corps ? Au niveau de particularités morphologiques ?
Et puis bien sûr l’intérêt de se poser toutes ces questions, c’est de t’ouvrir un nouveau champ d’action, des nouveaux leviers actionnables.

J’espère que cet épisode t’aura inspiré et peut-être aura suscité un déclic ou une intention pour mieux vivre ta blessure ou pour mettre en place des actions pour éviter de te blesser ou te reblesser. D’ailleurs, n’hésite pas à me faire tes retours et à me faire part de tes avancées !

A très bientôt pour un nouvel épisode, un grand merci pour ta précieuse écoute ! Ciao ciao

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