Le Yoga est une pratique qui nous enseigne à prendre du recul dans une société d'immédiateté où les résultats sont attendus instantanément. Et si le fait de ne pas réussir instantanément était en réalité un atout?
Et justement, plusieurs élèves ont souhaité retrouver l'histoire que j'ai raconté en cours (Oui, je me prends parfois pour Père Castor, j'adore raconter des histoires 📖...). Et je me suis dit que ce serait une bonne occasion de vous transmettre un message important, en accord avec la philosophie du Yoga.
Je vais donc vous raconter aujourd'hui "La fable de la fougère et du Bambou" et vous livrer comment elle a créé un déclic de lâcher-prise chez moi (une des choses les plus compliquées même quand on est prof-de-Yoga-censée-être-zen-en-toutes-circonstances-ou-presque!).
La fable de la Fougère et du Bambou
"Un jour, j’ai décidé de m’avouer vaincu (Oui, ça commence assez mal...): j’ai démissionné de mon travail, j’ai quitté ma compagne et ma vie. Je me suis rendu dans la forêt pour parler avec un vieil homme qui, paraît-il, était un sage.
– Pourriez-vous me donner une bonne raison de ne pas m’avouer vaincu ?, lui ai-je demandé.
– Regarde autour de toi, m’a-t-il répondu. Tu vois la fougère et le bambou ?
– Oui, ai-je répondu.
– Quand j’ai semé les graines de la fougère et du bambou, j’ai fait très attention. La fougère a grandi très vite. Son vert brillant a recouvert le sol. Mais la graine de bambou n’a rien donné. Je n’ai pourtant pas renoncé au bambou.
La deuxième année, la fougère est devenue encore plus brillante et abondante, mais de nouveau, la graine de bambou n’a rien donné. Mais je n’ai pas renoncé au bambou.
La troisième année, la graine de bambou n’a toujours rien donné. Mais je n’ai pas renoncé au bambou. (Bon, va falloir qu'il se passe quelque chose là!)
La quatrième année, de nouveau, la graine de bambou n’a rien donné. Mais je n’ai pas renoncé au bambou.(Ah non... c'est encore la même chose...)
La cinquième année, une petite pousse de bambou est sortie du sol (Ouf, il se passe quelque chose!). En comparaison avec la fougère, elle était bien sûr très petite et insignifiante.
La sixième année, le bambou a grandi de plus de 20 mètres de haut. Il avait passé cinq ans à faire des racines pour le soutenir. Ces racines l’ont rendu fort et lui ont donné ce dont il avait besoin pour survivre.
Sais-tu que tout ce temps où tu t’es battu, en réalité, tu as formé des racines ?
Le bambou a un rôle différent de celui de la fougère, et pourtant, tous les deux sont nécessaires et embellissent la forêt.
Ne regrette pas un jour de ta vie. Les bons jours t’apportent du bonheur. Les mauvais jours t’apportent de l’expérience. Tous deux sont essentiels à la vie. Le bonheur te rend doux. Les tentatives te rendent fort. Les peines te rendent humain. Les chutes te rendent humble. La réussite te rend brillant…
Si tu ne réussis pas ce que tu veux faire, ne perds pas espoir, car peut-être que tu es seulement en train de fabriquer des racines…"
Mon expérimentation de la fable...
Cette histoire a résonné en moi car elle m'a fait comprendre une chose: les bientôt-2 ans que je viens de vivre et qui ont parfois mis ma patience à rude épreuve 😱🫣😂 m'ont rendue beaucoup plus solide. Je m'explique...
Le scénario "idéal"/ version Instagrammable:
Je démarre mon activité dans une nouvelle ville, je mets un planning de cours en place et une ribambelle d'élèves se bousculent à mes cours. J'ai un brushing parfait, à l'image de mon parcours.
La réalité/ version Non-Instagrammable (celle qu'on ne montre pas car on a honte!):
Je démarre mon activité dans une nouvelle ville, je mets un planning de cours en place (jusque-là on est raccord au scénario idéal!) et... personne ne se bouscule à mes cours. Mon mental est comme mes cheveux: c'est l'anti-brushing, ça part dans tous les sens!
Moi, visage au vent, attendant des élèves qui n'existent pas 😅. Des questions dans ma tête: Mais si tu es prof sans élèves, es-tu vraiment prof? (Le temps que les racines poussent, on peut se poser des questions philosophiques!).
Garder la motivation est parfois compliqué quand tu dois annuler la plupart de tes cours car il n'y a personne. Tu te sens aussi utile qu'un tupperware sans couvercle... plus nulle qu'une télécommande sans pile.
Puis quelques élèves (et je ne les remercierai jamais assez 🙏!!), comme des flocons de neiges. Quelques flocons qui forment une microscopique boule de neige. Elle est toute petite au creux de la main mais elle est précieuse. Car peu à peu c'est le début d'une boule de neige qui grandit progressivement...
Ce que j'ai compris:
Les choses se débloquent quand on est prêt et que nos racines ont suffisamment poussées.
Quand on est sur un radeau, on voudrait être sur un zodiac avec un gros moteur... mais ramer construit nos muscles et nous rend plus solide!
J'ai compris que ce type d'expérience est l'occasion:
- de tester notre motivation!
- d'apprendre progressivement à affronter les problématiques qui vont avec la progression d'un projet ( A chaque étape, différents challenges 😅!).
- de comprendre que les "creux" ne remettent pas en question un projet dans sa globalité. De mon côté, le nombre d'élèves peut varier d'un cours à l'autre mais je me sens solide. Je "Santoshe"! C'est à dire je fais preuve de Santosha, la gratitude et le contentement, quelle que soit la fréquentation.
- de s'apercevoir que notre valeur ne réside pas dans le résultat immédiat mais dans le chemin que l'on construit.
Et si je devais tout recommencer pour aller élever des Teckels arc-en-ciel aux Baléares, je me sentirais bien plus ancrée et confiante grâce à mes racines.
Et toi?
Si tu as un projet qui traine un peu trop à ton goût...
Pourrais-tu imaginer qu'en fait ce sont tes racines qui poussent?
Pourrais-tu envisager de te détacher des injonctions de notre société d'immédiateté?
Et si tu profitais des fougères, des micro-victoires, pendant que les racines du bambou poussent?
Que vous soyez plutôt fougère ou bambou en ce moment, je vous souhaite une très belle quinzaine 🌿🙏!
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